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Portrait

«Il m'a dit qu'il aimait ma blancheur»

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Elsa Zylberstein - Actrice dans «Ce Jour-là» de Raoul Ruiz
publié le 16 mai 2003 à 23h01
(mis à jour le 16 mai 2003 à 23h01)

Dans les dictionnaires du cinéma, volume «acteurs», elle est la dernière, juste après Zouzou. A 33 ans, c'est le bon âge pour que les derniers deviennent les premiers. Elsa Zylberstein, lancée à Cannes voici douze ans par le Van Gogh de Pialat, n'en demande pas tant. La brune aux yeux verts sait juste qu'elle a enfin trouvé, après pas mal de zigs et de zags dans les méandres d'un cinéma français peu tendre avec ses actrices, le Pygmalion qui lui manquait, «son» cinéaste : Raoul Ruiz. Trois films en quatre ans, le Temps retrouvé, Combat d'amour en songe, Ce jour-là, comme elle le dit «l'apéritif, l'entrée, puis le plat de résistance». C'est de ce repas dont elle parle sur une plage de la Croisette.

«Caméléon». «Raoul Ruiz m'a vue au cinéma, puis on s'est croisés à Venise, et il m'a proposé le rôle de Rachel dans Proust, un personnage d'actrice, excessif, assez loin de moi. Le tournage s'est bien passé, je n'ai pas eu peur, j'ai proposé pas mal de choses. Sur Combat d'amour, c'était sans filet, pas de scénario, juste vingt pages de texte. Au fur et à mesure, il me donnait des pages de dialogues. J'étais là pour lui, comme un écran pour ses fantasmes, caméléon : je jouais tour à tour une nymphe, une nonne, une pute. Pour Ce Jour-là, il m'a juste dit de lire Alice au pays des merveilles et des contes d'Andersen, où il y a cette coexistence d'innocence et de violence. Livia, c'est encore un personnage changeant comme les nuages, madone, folle, autiste, rêveuse, sé