Menu
Libération
Critique

Le quatuor accordé des «Egarés»

Article réservé aux abonnés
publié le 17 mai 2003 à 23h02

La discrétion est dans la nature d'André Téchiné et de son cinéma. Discret mais pas fragile : quelles que soient les variations de sa courbe artistique personnelle, il tourne depuis plus de trente ans avec une régularité imposante. Pour la critique comme pour la profession ou le public, Téchiné finit d'ailleurs par incarner une certaine immuabilité dans un paysage qui a pourtant connu, depuis ses débuts en 1969 avec Paulina s'en va, de radicales métamorphoses.

A Cannes aussi, la présence de Téchiné commence à devenir rituelle, à telle enseigne qu'on se demande si c'est lui rendre systématiquement service que de le sélectionner : ses films seraient-ils tous si également réguliers ? Mais ne pinaillons pas : les Egarés, son quinzième long métrage, présenté hier en compétition, fait nettement partie des meilleurs. Et comme il n'y a pas de hasard, c'est aussi l'un des films les plus retenus, modestes et sobres du discret Téchiné.

Stukas. Au début, on croit avoir affaire à une sorte d'anti-Bon Voyage, la comédie de Rappeneau sur la Débâcle : circonstances identiques, mais registre nettement plus ténébreux. C'est l'Exode vu depuis la voiture d'Odile, jeune veuve belle et grave qui galère avec ses deux enfants vers un Sud-Ouest hypothétique. Une attaque de stukas plus tard, et la petite famille se retrouve en plein bois, dépossédée de ses derniers effets mais riche d'un nouvel ami : le jeune Yvan, selon l'identité provisoire qu'il se donne.

Ensemble, ils vont investir clandestinement u