Une sorcière lacanienne ? Un ogre velu ? Un arbre moussu et enchanté ? Un «Chevalier au lion» qui invoque devant l'ogre les lois Jules Ferry «libérant les enfants des parents» avant de mourir puis de ressusciter ? Oui, c'est cela même. Ça s'appelle le Monde vivant et c'est l'un des plus beaux, des plus drôles et des plus provocants trips surnaturels que ce 56e Festival est en mesure d'offrir. La chose est signée Eugène Green (Libération d'hier), et elle mêle avec une fantaisie désarmante le registre du conte, de la farce, du film d'avant-garde et du météore poétique.
Film-chapiteau. Où, quand, comment, pourquoi ? On n'aura aucune réponse tangible à ces questions finalement secondaires : le Monde vivant, après tout, en dit déjà pas mal dans son titre. On ne connaîtra donc jamais vraiment ni le lieu du film (le pays de l'imaginaire nous suffit), ni son temps, qui semble enjamber notre enfance d'hier et nos vies d'aujourd'hui : mais Eugène Green lui-même n'est-il pas le plus indatable et insituable des artistes de la Croisette ?
Son Monde vivant a toutes les apparences d'un film-chapiteau, le «plus petit du monde» selon le concept forgé par Jean-Claude Biette (on attend d'ailleurs le Saltimbank de celui-ci en fin de cette même Quinzaine) dont le cinéma de Green, bien que tout aussi singulier, n'est jamais très éloigné. Et sous le chapiteau du Monde vivant, on n'est pas volé : tout le monde vivant, celui des hommes, des arbres et des bêtes, est bien là en effet. Filmé en vraie com