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Libération
Critique

Lars et la manière forte

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publié le 20 mai 2003 à 23h04

Dogville est un film qui n'a peur de rien. Ni d'ennuyer, ni d'être démodé. Et qui ne craint pas, ce faisant, d'être un très bon film de Lars von Trier. Dès son générique, un carton annonce la couleur et a le courage de ne pas nous prendre en fourbe. En un prologue et neuf chapitres, voilà l'histoire qui vous attend. Une horloge n'est pas incluse dans le forfait, mais c'est tout comme : 2 heures et 58 minutes (pour ne pas dire 3 heures et désespérer le festivalier fourbu).

Territoire stylisé. Et lorsque la première image surgit, Lars von Trier radicalise son propos. Vu d'avion, le plan est celui d'un jeu de Cluedo. Sauf que ce n'est pas une seule maison dont le tracé est dessiné sur le sol, mais plusieurs autour d'une rue. Pour qu'on se repère dans cette carte à jouer, des noms de lieu sont imprimés au pochoir : «la maison de Tom», «la maison des Hanson» ; mais aussi des mots, «chien», «jardin», etc. Quand on atterrit sur ce territoire stylisé, des accessoires donnent d'autres indices : des costumes, des automobiles et trois bouts de chaises qui situent l'époque (années 30), le pays (Etats-Unis) et le lieu (Dogville, cul-de-sac dans les montagnes Rocheuses). Les dialogues commencent, l'action aussi, soutenue par la voix off d'un narrateur. Et puis : démerdez-vous et bon courage.

D'ailleurs, un instant, par faiblesse de la volonté, on se dit que ça ne va pas durer comme ça. Las ! Lars s'obstine. Pour mieux faire, il aurait dû planter un panneau à l'entrée de son film : «Spectate