Japanese Story n'est probablement pas un très bon film. Mais dans le cadre d'une projo au radar vers 16 heures, lors du coup de pompe fatal qui sèche les festivaliers, ce film australien de Sue Brooks "a fini par emporter le morceau.
De facture peu engageante, vulgaire même au début (vie de bureau, scène de bar alcoolisée...), Japanese Story exploite la mécanique des comparses forcés et mal embouchés, en l'occurrence une Australienne, Sandy (Toni Collette), contrainte par sa boîte de logiciels de se fader un client japonais, Hiromitsu (le formidable Gotaro Tsunashima), et de le convaincre de l'intérêt de son produit. Sans atome crochu, elle femme libérée, lui cadre pincé, ils finissent évidemment par coucher ensemble.
Lacrymogène. Jusque-là, le ton est à la comédie pas désagréable quand, subitement, Hiromitsu se noie ! La romance superficielle se transmue en mélo lacrymogène. Notre voisine de projo ne sait plus à quelle chemise se vouer pour éponger ses sanglots. Sandy se trimballe, hébétée, avec le cadavre dans le coffre du 4x4 et la fin du film organise la rencontre avec la veuve venue récupérer le corps.
Cette tournure pour le moins radicale permet au film d'approfondir les questions qu'il se posait mal au début. Les tropismes nationaux (le sans-gêne australien, la réserve nipponne) sont disloqués par la mort accidentelle du Japonais, sans être pour autant niés ou effacés. Le film construit alors un espace intelligent pour rendre compte de ces rapports de séduction/répulsion