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Portrait

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publié le 21 mai 2003 à 23h04

«Vous ne m'en voulez pas si je laisse mon portable allumé ?» Bertrand Bonello est tout excusé : il présente son troisième film en compétition à Cannes le jour même où son épouse est sur le point de mettre au monde son premier enfant... Etant donné les circonstances, on est même surpris par son calme apparent quand il raconte l'aventure de Tiresia. D'un naturel discret, Bertrand Bonello s'animera pour accueillir ses quatre acteurs qui, l'un après l'autre, viendront le rejoindre au fil de l'entretien. Des retrouvailles émouvantes qui rappellent que le casting fut la grande affaire de Tiresia. Et plus particulièrement pour le rôle-titre : un transsexuel brésilien qui, privé d'hormones, redevient un homme, comme une transposition moderne du mythe de Tirésias.

Bonello avait prévu de dédoubler le rôle dès l'écriture du scénario. «Je me refusais à prendre un vrai transsexuel, et je pense que ni un homme ni une femme ne pouvaient assumer seuls le personnage. Cela serait devenu du travestissement.» Après de nombreux essais, notamment de cris, son choix se porte sur la Brésilienne Clara Choveaux, 28 ans, très jolie physionomiste dans un restaurant de Paris. Son caractère «explosif», dit-elle (son rire le prouve), va être très utile à Bonello. «Pour les scènes où elle est prisonnière, je lui ai demandé une arrogance retenue. On devait sentir que ça pouvait péter à tout instant tout en restant assez sobre.» La recherche du double masculin de Clara se révélera beaucoup plus compliquée. «A