Dans Dogville, Stellan Skarsgård crève l'écran. «J'éprouve un immense plaisir à travailler avec Lars von Trier, s'excuse-t-il, quelqu'un qui n'impose aucune pression. Si un acteur n'a pas la prétention de vouloir tout contrôler, il peut, sous sa direction, obtenir le rôle de sa vie.» A 52 ans, «Skarzie», comme l'appellent ses intimes, est un homme comblé. Qui, histoire d'alimenter ses deux passions, «la lecture et la cuisine», ne revendique qu'un luxe : celui de pouvoir trier attentivement les propositions de tournage qui ne cessent d'affluer. «J'ai, à Stockholm, une vie familiale que je tiens à préserver, explique-t-il, je peux me le permettre. C'est l'aspect privilégié de mon métier.»
«Collector». Un métier qu'il n'a pas vraiment choisi («J'ai toujours rêvé d'être diplomate»), mais qu'il exerce depuis maintenant plus de trente-cinq ans. Adolescent, Stellan Skarsgård était l'idole des teenagers suédois, grâce à sa participation à Bombi Bitt och Jag, série télé hautement populaire en Scandinavie. Au point même de lui donner accès à l'univers de la chansonnette : «J'avais 16 ans, les gamines étaient folles de moi. Un producteur à l'affût m'a proposé, par téléphone, d'enregistrer un disque. "Je ne suis pas sûr de savoir chanter", lui ai-je dit. Il a pris sa guitare, joué un accord : "cling !" "Pouvez-vous reproduire ça ?" "Ouiinnng !" "Super, rendez-vous au studio." Tout était préenregistré. Il ne restait plus qu'à chanter cette chanson idiote. Problème : j'en étais incapable.