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Libération

Sans les clefs

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Foison de films ouverts à toutes les lectures.
publié le 21 mai 2003 à 23h04

Autant que son film, le Temps du loup (lire page suivante), l'actualité du jour aura été la déclaration de Michael Haneke dans le Film français : «Donner le mode d'emploi de mes films irait à l'encontre de leur raison d'être.» Cette formule résonne d'autant plus fort qu'on l'a déjà entendue selon d'autres modes. Gus Van Sant (pour Elephant), dans les Cahiers du cinéma, pose lui aussi très catégoriquement son refus de l'exégèse : à le lire, Elephant serait l'inverse d'un film à thèse bien qu'il traite d'un fait divers particulièrement «lourd» (la tuerie dans le lycée de Columbine), propre à déchaîner toutes les tentatives d'explication. Là où le cinéma à message regorge de profondes réponses à de vastes questions que l'on ne se pose pas, Van Sant filme tel qu'ils sont (ou tel qu'il les voit) les problèmes, les situations, et les organise dans un regard qui laisse tout en suspens.

C'est d'ailleurs le plus grave reproche que lui adresse la critique américaine : pas de point de vue (no insight), pas d'explication, alors que son film n'est qu'un regard (celui d'un metteur en scène). Si on liste les films découverts depuis le début du festival, Ce jour-là de Raoul Ruiz, Tiresia de Bertrand Bonello, Gozu de Takeshi Miike, Arimpara de Murali Nair, Pas de repos pour les braves d'Alain Guiraudie, les Mains vides de Marc Recha..., on peut déceler un même désir de permettre le plus grand nombre de lectures possible et une volonté de rendre l'objet indéchiffrable. Paroxysme de cette tenda