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Libération
Critique

«Temps» de ténèbres

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publié le 21 mai 2003 à 23h04

Les images martelées dans les médias sur les populations cherchant à échapper aux armées en marche, aux bombardements, aux exactions des troupes de soldats ou de milices, en Yougoslavie, Tchétchénie, Côte-d'Ivoire, Afghanistan, Irak, illustrent l'actualité, toujours rafraîchie aux couleurs sang et feu, de la débâcle. Ce n'est probablement pas un hasard si, successivement, Rappeneau (Bon Voyage), Téchiné (les Egarés) et Haneke avec ce Temps du loup ont investi ce territoire de la faillite des nations, la nôtre au temps de l'invasion allemande pour les deux premiers, une sorte de pays proverbial pour le cinéaste d'origine autrichienne. Son septième long métrage, dont il signe le scénario original, décrit un conflit dont on ne connaîtra jamais les tenants et les aboutissants mais qui dresse les individus les uns contre les autres, oblige des groupes à se souder autour de chefs providentiels et veiller à se prémunir de la sauvagerie ambiante par une violence de tous les instants.

Sauvagerie. Anne (Isabelle Huppert) a vu son mari se faire tuer d'un coup de carabine sous ses yeux et ceux de ses deux enfants. Le meurtrier est lui-même un père de famille à cran, cherchant sans doute à protéger sa femme et son bébé. Commence alors pour Anne, sa fille et son fils une fuite sur les routes d'un pays européen indéterminé. Ils finissent par arriver à une station de gare où s'entassent d'autres fugitifs contraints de composer avec la promiscuité, le manque de vivres et d'eau, l'esprit de ra