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Libération
Critique

«Brown Bunny» chaud lapin

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Les films sélection officielle. Road movie enflammé de Vincent Gallo.
publié le 22 mai 2003 à 23h04

Avant même d'être un acteur, puis un cinéaste, Vincent Gallo a été (et reste largement) un sex-symbol tout à fait typique des styles de la fin XXe siècle. Quoique fort viril et notablement straight, il a même réussi un rare crossover de la séduction gay-hétéro grâce à une mémorable campagne de pub pour les slips Calvin Klein. Cette dimension érotique puissante qui nimbe le personnage Gallo d'un soufre particulier n'avait pas échappé non plus à l'experte Claire Denis dans son Nénette et Boni : les plans où l'Italo-Américain, endossant à merveille son rôle de pizzaïolo forain, malaxe avant de les enfourner des miches de pastasciutta ont laissé leur empreinte torride dans une mémoire cinéphile pourtant bien nourrie, ces dernières années, en événements sensuels.

Narcissisme. Malgré les dénégations de l'intéressé (et notamment le reniement, parfois très énervé, qu'il affiche de sa période coverboy), si l'érotisme consubstantiel de Vincent Gallo a pu tout de même se maintenir à un certain degré d'intensité, c'est aussi parce qu'il l'alimente de son propre narcissisme. Il en faisait la démonstration dans son premier long métrage, Buffalo 66, qu'il avait déjà largement consacré à lui-même. Cette fois, il pousse beaucoup plus loin ce bouchon de l'égotisme. Conscient jusqu'au paroxysme de son indécrottable statut d'icône, il semble décider à en retourner l'éclat dès le générique, qui tient en un maigre carton noir où est écrit en blanc : «Un film de Vincent Gallo, prod