Le Domaine (Mansion by the Lake) fut apparemment visionné et recalé l'an passé par les sélectionneurs. La séance de rattrapage cette année hors compétition offre l'occasion au festival d'honorer l'une des grandes figures du cinéma sri lankais, Lester James Peries, né en 1919 à Colombo (lire aussi p.34), auteur d'une vingtaine de longs métrages, dont la Ligne du destin, en 1956, qui lui valut son premier passage cannois.
Nantis. Mal connu en France, ce cinéaste de la génération de Satyajit Ray et Ritwik Gathak n'a pas tourné pendant douze ans (de 1983 à 1995), vivant à Paris avec son épouse, Soumithra Peries, elle-même cinéaste et monteuse, à l'époque ambassadrice du Sri Lanka en France. Le Domaine est un film d'un autre âge, qui en appelle aux mannes exquises d'une grammaire de cinéma classique.
Adapté librement par Peries de la Cerisaie de Tchekhov, le film décrit un processus de transfert de pouvoir de l'ancienne caste régnante aux nouveaux nantis à travers le cas d'une veuve et de sa fille revenant sur l'île, dans leur gigantesque villa, après plusieurs années d'exil londonien. La maîtresse des lieux, Sujata Rajasuriya, et sa fille Aruni n'ont plus guère les moyens d'entretenir une maison de cette taille. Il leur faudrait 15 millions de roupies pour éponger les dettes et garder cette demeure et les grasses terres alentour, domaine aristocratique où tout est luxe, calme et volupté tropicale. Un drame s'y est joué quelques années avant, le jeune fils de Sujata s'est noyé acc