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Libération
Critique

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publié le 23 mai 2003 à 23h07

Faut-il vraiment, quand on est cinéaste, en venir à ce dernier recours : faire clamser son personnage principal pour que quelque chose de sa vie puisse enfin s'éclairer d'un peu de lucidité ? Cette question esthétiquo-existentielle, on voudrait la poser aux trois cinéastes qui, hier, sans se concerter, ont usé de ce même procédé : Vincent Gallo, Denys Arcand et surtout Emily Young, jeune réalisatrice britannique de 33 ans, auteure d'un ambitieux premier film, Kiss of Life (Un certain regard), qui, hélas, ne s'embrase jamais. L'histoire était pourtant intrigante : une Londonienne, qui tient seule toute sa famille pendant que son mari bosse pour une ONG en Europe de l'Est, meurt renversée par une voiture. Son fantôme continue néanmoins d'habiter sa maison pour quatre jours, période de latance mystique durant lesquels elle se rend compte de ce que fut le gâchis de sa vie. Le bilan est glacial, la mise en scène est déjà plus terne, la lumière a, quant à elle, carrément viré au beige. Sincèrement, on aurait voulu y croire, mais une heure et demie à sacrifier scène après scène un personnage ne contribue ici qu'à creuser la distance entre cette héroïne en souffrance et ceux qui constituaient son monde quotidien. La claustrophobie ambiante, et un jeu d'acteur «à l'anglaise» pas toujours nuancé (sauf la jeune adolescente, assez cadrée), ne permettent pas au film de s'oxygéner, de se libérer du carcan scénaristique. Kiss of Life ne réussit pas à faire cohabiter le monde des morts avec