Chez Alain Guiraudie, la notion d'équipe n'est pas un vain mot. Lundi soir, le cinéaste vêtu d'un fort peu protocolaire marcel bleu a fait monter sur scène et présenté un par un 35 acteurs et techniciens de Pas de repos pour les braves, son premier long métrage projeté à la Quinzaine des réalisateurs. Deux semaines plus tôt, le T-shirt était orange, et Guiraudie nous accueillait dans un bistrot de la Bastille pour une heure de conversation aussi buissonnière, voire foutraque, que son film. Où il fut autant question de mise en scène que d'«anglicisation du Lot», de géographie iconoclaste que de souvenirs de «distribution de tracts contre la peine de mort à la sortie de la messe dans des bleds de 400 habitants». Le réalisateur aveyronnais, «exilé de pas loin» (il habite à Gaillac, dans le Tarn), profita de l'occasion pour retrouver deux de ses trois acteurs principaux (1), entre vannes amicales et souvenirs de tournage gratinés.
«Fouille-merde». «Alain m'avait juste dit : "Tu as une belle gueule, et ça tombe bien parce que tu vas te la faire casser"», raconte, hilare, Laurent Soffiati, grand brun aux faux airs de play-boy italien. Ce comédien, formé à la rue Blanche, est Johnny Got, le «petit fouille-merde de village» que Guiraudie définit joliment comme «un croisement du Club des cinq et de John Wayne», un Lucky Luke du Tarn dont la R16 jaune citron serait le Jolly Jumper : «On n'allait pas te donner un cheval, merde !» Dans ce film «très personnel» sur le passage de l'ado