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Libération
Critique

La «Lili» de Miller a des limites

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publié le 23 mai 2003 à 23h07

Sur l'île aux Moines, dans le golfe du Morbihan, une belle demeure bourgeoise en été. Trois générations d'individus vaquent à leurs vacances. Nous sommes dans la villégiature de Mado, actrice célèbre, et de son compagnon, Brice, cinéaste installé. Le fils de Mado, Julien, adolescent rebelle, se pique aussi de cinéma et a réalisé un court-métrage expérimental avec dans le rôle principal, Lili, dont il est amoureux. Lili, volage, succombe aux charmes quinquagénaires de Brice. Un drame se noue, que, cinq ans plus tard, Julien finira par mettre en fiction pour son premier long métrage.

Réversible. Le nouveau film de Claude Miller, après Betty Fisher, librement adapté de la Mouette de Tchekhov, est un peu sa Nuit américaine, un film sur le cinéma, la vie, les liens de réversibilité entre l'un et l'autre. Manifestement, Miller n'a pas envie que l'on rapproche son film de celui de Truffaut, dont le visage hante pourtant de nombreux plans via une affiche de la Chambre verte placardée dans un décor («La petite Lili n'a rien à voir avec la Nuit américaine, il ressemblerait plus au Mépris de Godard ou aux Ensorcelés de Minelli», déclare Miller dans le dossier de presse, sic).

Coécrit avec Julien Boivent, le film dans sa première partie est une dynamique mise en place, et en pièces, d'une galerie de personnages saisis dans les archétypes de leur génération, classe sociale, profession, statut et notoriété. Les vacheries fusent et, pour Miller, c'est une manière de décrire la virulence des