Il n'est pas certain qu'il faille avoir choisi l'option chinois deuxième langue pour goûter à tous les délices de Purple Butterfly, mais, à en croire après coup un bilingue émérite, il y a quelques égarements dans le sous-titrage du film qui n'hésite pas par exemple à traduire «non» par «oui» (étant entendu par ailleurs que «non» et «oui» ne se disent pas tels que en chinois). Reste que cette divagation du sens est aussi celle du film. En 1998, Lou Ye, le réalisateur, avait tourné Suzhou River, superbe carambolage dans le Shanghai contemporain. Il y revient en s'en éloignant. L'action se situe dans les années 30, quand la ville est en proie à la déliquescence du système des concessions internationales et à la pression impérialiste du Japon qui, après l'annexion de la Mandchourie en 1931, occupa militairement la Chine jusqu'en 1945.
Réseau secret. Comme l'intrigue oppose un groupe de résistants chinois aux membres des services secrets japonais, impossible, c'est culturel, de ne pas songer au Lotus bleu avec un certain Yamamoto, chefs des Japs, dans le rôle de «l'infâme Mitsuhirato». Même abstraction des décors (une pluie incessante sert de rideau), même ligne claire des caractères. Ce qui donne l'idée que, pour une adaptation réussie du Lotus bleu, il faudrait donner les clefs à un cinéaste chinois et surtout pas à Spielberg. Sauf qu'ici, détail majeur, Tintin a été entièrement gommé. Au profit de quelques très beaux corps cadrés de près : du côté des vilains, le Japonais Itam