Arrivé à Paris en 1977, avec 10 000 francs et une seule adresse en poche, celle de la Cinémathèque française («On m'avait dit que c'était la meilleure du monde»), Mamad Haghighat a organisé dans la capitale, de 1983 à 1999, un festival de films iraniens. Directeur du cinéma Quartier latin depuis 1988, c'est à Téhéran qu'il a tourné Deux anges, son premier long métrage.
«A 13 ans, j'ai surpris mon voisin en train de battre son fils avec un nêy, une flûte en roseau. Ce spectacle m'a profondément marqué. J'ai appris ensuite que le gamin était coupable de jouer de cet instrument. Acte inadmissible aux yeux du père fondamentaliste, pour qui la musique était frappée d'interdiction. J'ai moi-même vécu une relation difficile avec mon père, qui me battait parfois parce que je fréquentais les salles de cinéma. Ce film est un peu la somme de tous ces souvenirs. Avec, en plus, des éléments empruntés à la vie d'Hassan Nahid, le maître du nêy, qui joue ici son propre rôle et que j'ai rencontré à Paris il y a quelques années.
«Péché». «Au début du régime islamique, des gardiens de la révolution ont attaqué les archives de la radio et de la télévision iraniennes, afin de détruire les musiques enregistrées. Au Kurdistan, on a même fusillé des instruments devant les musiciens auxquels ils appartenaient. Quant aux écoles de musique, elles ont été fermées. Depuis une dizaine d'années, elles rouvrent progressivement. Souvent fréquentées par des jeunes qui se lancent dans l'étude de la musique trad