Lin Cheng-sheng est taïwanais. A 44 ans, il a déjà tourné cinq films mais reste un outsider qui n'a jamais vraiment réussi à se hisser à la reconnaissance d'un Hou Hsiao-hsien, voire d'un Tsai Ming-liang. On se souvient avec une émotion particulière de la découverte de son premier film, présenté en 1996 à la Semaine de la critique, A Drifting life (Une vie à la dérive), dont le titre déterminait le programme existentiel minimum de ce cinéaste né à la campagne, ayant fugué du foyer parental vers Taipei, où il démarra sa carrière d'adulte en se faisant boulanger. Ses films suivants, de Murmur of Youth (1997) à Betelnut Beauty (2001), ont parfois été distribués en France.
Cliché de paradis. Robinson's Crusoe décrit l'état de réfrigération d'une certaine couche friquée de la jeunesse de Taipei, des cadres blêmes, la trentaine, précocement laminés, s'étant bâti à force d'arrivisme un environnement de coffre-fort high- tech parfaitement emmerdant et anxiogène. Robinson est promoteur immobilier. Avec ses collaborateurs, Billie, Benny, Hsui-ling, il vend des appartements de luxe aux nantis d'une capitale en perpétuelle révolution urbanistique. Il s'est fixé pour but d'amasser un maximum de blé pour pouvoir vivre à sa guise dans l'île de ses rêves, un cliché de paradis au large des Caraïbes qu'il visite depuis son ordinateur portable, via le site lavieestailleurs.com.
«Le film reflète les contradictions de ma propre vie... Une réussite matérielle, un certain confort spirituel. Mais que