Dernier film américain de la compétition à être projeté, Mystic River est censé représenter pour Clint Eastwood une étape «auteuriste», qu'il lui a fallu imposer aux studios hollywoodiens peu convaincus. Pour un oeil français, il devient difficile, à ce stade de l'adaptation réglo d'un polar (écrit par Denis Lehane et scénarisé par Brian Helgeland), de faire la différence entre ce que le cinéaste pourrait considérer comme un film de commande et une fiction plus personnelle à la façon de ses grandes oeuvres passées, Un frisson dans la nuit, Pale Rider, Impitoyable, Un monde parfait ou Sur la route de Madison.
Depuis 1997, avec Minuit dans le jardin du bien et du mal, Clint Eastwood enchaîne des films dont on peine un peu plus à chaque étape à discerner où il veut en venir et s'il ne se contente pas d'assurer le job minimum pour payer ses traites. Des films dont il devient souvent, acteur ultracharismatique, le seul point d'ancrage et d'intérêt au sein de scripts calibrés et truffés d'invraisemblances (comme les faiblards Jugé coupable et Créance de sang).
Connivence. Dans Mystic River, il ne joue pas, laissant l'affiche à un quatuor top niveau : Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon et Laurence Fishburne. L'histoire brode sur le motif de la perpétuation des traumas du passé, le refoulé come-backant ventre à terre pour gâcher le bonheur popote de quadras d'un quartier de Boston. Dans les premières scènes, l'origine du mal est exposée : le petit Dave Boyle est embarqué par deux typ