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Libération

Le festival a des absences

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publié le 24 mai 2003 à 23h07

Signe des temps ou cinéma qui fait l'arrière-garde ? On n'arrête pas de voir des films sur des gamins qui disparaissent. Qui se noient. Qui se font enlever. Tuer. Des films sur l'absence et l'impossibilité de remplir le vide, même à coups de plomb. Il y avait vendredi le film d'Eastwood évidemment (et Dieu sait qu'il plombe), mais aussi il y a quelques jours les Plumes dans la tête, un film wallon pas exactement léger, mais pas indigne non plus. Dans Shara, le film de la Japonaise Naomi Kawase, il y a aussi un enfant qui disparaît, et la vie s'arrête pour la famille.

Un peu alarmé, on est allé se rincer l'oeil auprès de la jeune classe, les courts métrages universitaires montrés par la Cinéfondation. Ouf. Dans le beau film de la Berlinoise Ulrike von Ribbeck, Am See (Au bord du lac), un enfant manque de se noyer sous les yeux inattentifs de sa famille désunie. Mais il parvient tout de même à regagner le bord. L'humour est presque polanskien dans sa gravité atroce : les parents, occupés à leurs sournois chipotages de couple, n'ont toujours rien vu. La soeur reste collée à son téléphone portable. Le gosse ne dit absolument rien, mais en a sans doute pour la vie. Mais, dans le même programme final de la Cinéfondation, un long court d'une toute jeune Japonaise ravissante, Ikeda Chihiro, montrait une jeune fille dérangée qui kidnappe un bébé dans une poussette, l'étouffe et l'enterre dans «le trou de la meurtrière» (c'est le titre). Sympa. Mais à part ça, le ciel n'est pas tout à