Ce n'est pas parce que Père et fils débute par une pietà qu'il faut en déduire qu'il s'agit d'un film chrétien et, partant, peu désirable. Ce qui reviendrait à disqualifier les trois quarts de l'histoire de l'art et notamment de la peinture. Ce film est une oeuvre d'art et sa façon plus proche du tableau (Le Caravage) que du cinéma. A l'origine du film, un jeune homme crie. Ce cri, à l'image, est comme celui de Munch. Tableau vivant, dont l'ondulation, émouvante autant que mouvante, fait l'effet d'une déferlante qui nous emporte et, à sa façon, nous rince. «A l'eau vive, murmure tes soucis», suggère un père à un fils.
Etreintes. Bon conseil. Pour se laver le psychisme de toute interprétation dépressive ou paresseuse. Certes, les étreintes entre un jeune père magnifique (Andrei Shetinin) et son jeune fils splendide (Alexei Nejmushev), caressantes ou bagarreuses, exténuantes de chasteté, sont toujours au bord de devenir sexuelles. Mais une fois qu'on a dit ça, on n'est guère avancé, on a même reculé. Reculé pour sauter que même si ces deux icônes de beauté idéalisent le père qu'on n'a pas et le fils qu'on n'aura jamais, Sokourov les figurent comme des enfants sauvages ou, ce qui revient au même dans une mêlée où le fils devient souvent le père de son père, comme des jeunes fauves en leur antre.
Quelques pièces mansardées dont les toits avoisinants sont la terrasse propice à tout : prendre l'air, jouer au foot, se faire des muscles, câliner un jeune voisin et son chaton roux, fli