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Cannes 2003. Naomi Kawase. Réalisatrice de «Shara»
publié le 26 mai 2003 à 23h08

«Je n'ai jamais vu dans le cinéma autre chose que la possibilité de m'exprimer.» Ce qui peut paraître une banale évidence est, chez Naomi Kawase, une fonction vitale. La plupart de ses films sont des actes. Où le film fait avancer sa vie ; où sa vie fait avancer le film. A 34 ans, la jeune Japonaise a rendez-vous pour la deuxième fois avec Cannes. Après une caméra d'or en 1997 pour Moe no Suzaku, son premier long métrage de fiction, elle revient avec Shara, présenté dans la Sélection officielle. Deux acmés cannoises d'une filmographie dense et disparate tant la jeune réalisatrice se sert du cinéma sans considération des genres et des outils.

Père inconnu. Elle est arrivée au cinéma par hasard, dit-elle. Née en 1969 dans la région de Nara, près d'Osaka, dans l'ouest du Japon, elle est élevée par sa grand-mère, ses parents l'ayant abandonnée. La passion de la jeune fille se fixera sur le basket. Une première manière pour elle de se dépasser. Au bord de devenir professionnelle, elle bascule. «C'est mon entraîneur de basket qui m'a conseillé de me lancer. De faire quelque chose où je me livrerais tout à fait.» Elle a 18 ans et n'a quasiment jamais vu de films. Juste à la télévision. Poussée par son goût pour l'animation, le théâtre de rue, elle s'inscrit au Collège d'arts visuels d'Osaka.

«J'ai voulu voir. En deux ans, j'ai étudié la Nouvelle Vague, les nouveaux auteurs américains... Et quelques oeuvres des maîtres japonais. Sans approfondir plus que ça. C'est sans doute mieux par