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Libération
Critique

Téhéran à vif.

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publié le 26 mai 2003 à 23h08

La sélection Un certain regard ne pouvait mieux se conclure qu'avec Talaye Sorgh, de l'Iranien Jafar Panahi, qui jette en effet un certain coup d'oeil sur son pays. Coup d'oeil qui commence par un strabisme très divergent. Un oeil dans le noir, plongé dans le hold-up d'une bijouterie de Téhéran. Un autre, attiré, tel le phalène, par la lumière éblouissante surgissant par le seuil de ladite bijouterie. Jafar Panahi filme du point de vue de cette obscurité où l'on distingue à peine la silhouette massive du braqueur et pas du tout le corps du bijoutier, réduit à l'expression de sa voix, qui, étrangement, n'a pas peur de mourir et même menace : «A quoi ça sert de me tuer ? Tu vas arrêter ça tout de suite !» Le film semble obtempérer à cette injonction puisque, à peine commencé, il s'arrête tout de suite : le bijoutier est tué et le voleur se suicide. Autant dire que dans Talaye Sorgh, le dénouement est au début et les personnages immédiatement arrivés à leur fin.

Ressorts. Ce genre de suspens contrarié est devenu un classique, au bord du procédé. Et nous autres spectateurs, familiers de ce genre d'entourloupe, ne doutons guère que, malgré son baisser de rideau inaugural, le film va continuer. Entrée par la sortie mais entrée tout de même. Marche avant en marche arrière. Nous voilà à évaluer le film sur des critères automobiles, du point de vue de sa boîte de vitesses et de ses grippes éventuelles. Sauf que Panahi est tout autant un as qu'un fou du volant. Et joue avec notre conna