Il a 13 ans, elle en a 30. Entre Marion (Emmanuelle Bercot elle-même) et Clément (Olivier Guéritée, remarquable), foin de rencontre platonique, pourtant : c'est de sexe qu'il va s'agir. Tout comme il s'agissait déjà de désir adolescent et de défloration dans la Puce, le premier moyen métrage de la réalisatrice-comédienne, sidérant de virtuosité intimiste, en 1999.
Abordage. Commandé dans la foulée par Arte pour la série Petites Caméras, Clément aura mis de longs mois à sortir, d'abord sur la chaîne, à l'automne 2002, puis dans les salles de cinéma. La faute au sujet, sans doute, qui brave les tabous sur la pédophilie et aura effarouché plus d'un «responsable», malgré l'attribution d'un «prix de la jeunesse et des sports» à Cannes, en 2001. En donnant des traits d'enfant à son héros masculin, Emmanuelle Bercot défie le préjugé qui voudrait repousser l'adolescence au seuil des 17 ans.
C'est en effet Clément, le gamin, qui prend ici l'initiative. Détournement de majeure qui s'avérera dramatique... pour l'adulte. D'abord estomaquée, la jeune femme se prend au jeu, s'y enferre douloureusement. La caméra, pudique mais implacable, souligne la disproportion physique des corps, à laquelle répond l'impasse des échanges. Ce couple voué à la clandestinité n'a pas grand-chose à partager et ne trouve rien à se dire. Macho précoce, partagé entre peur et agressivité, l'adolescent s'attaque à l'«épreuve» du dépucelage comme à une vaccination rituelle, avant de tourner la page.
Folie. Pour la je