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Libération

Le dégoût d'Hollywood.

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publié le 4 juin 2003 à 23h15

C'est très simple, explique en substance John McTiernan sur le site d'AlloCiné (1), dans une courte et paradoxale interview promo téléchargeable, «les hypermarchés américains ne possèdent rien de la marchandise qu'ils vous vendent. Ils ne l'ont jamais achetée. Ils ne font que louer des gondoles aux fabricants de ces produits, ils rentabilisent des emplacements... Le business du cinéma hollywoodien devient exactement comme ça. Les studios ne prennent plus aucun risque, ils sous-traitent tout ce qui concerne l'élaboration des films et ils se contentent de choisir, parmi les projets tout ficelés qu'on leur soumet, celui qu'ils jugeront le plus rentable».

Nous y voilà. Le scénario, le casting, l'argent : les majors ne veulent plus s'emmerder avec ça. Le coeur du commerce, pour ces groupes, est devenu la distribution : ils encaissent de par le globe les profits générés par l'exploitation (sur grand écran, puis sur VHS, DVD, télé) des films qu'ils ont labellisés de leur sceau.

Derrière cette radicalisation de la ligne économique des grands studios, c'est tout le paysage mondial ­ puisque ces studios sont mondiaux ­ qui se métamorphose. Avec des implications artistiques plus immédiates et profondes qu'on l'imagine. Le cas de John McTiernan est à cet égard éloquent. Ce qu'explique très bien le réalisateur de Basic, c'est ce qu'on a souvent ressenti mais dont il fournit un exemple vrai et vivant : en accélérant sa logique libérale à l'extrême, qui consiste à se défausser de tout risque