«Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat.» Pourtant, le Mystère de la chambre jaune, tel que l'adapte aujourd'hui Bruno Podalydès, boitille. Oh, si légèrement que l'on pourrait feindre ne pas s'en apercevoir : de façade, tout est parfait et le costume tient tout seul. De mémoire, peu de films récents ont fait à ce point étalage d'un jeu d'acteurs si délectable mêlé à un réel parfum d'enfance retrouvé, Podalydès s'inscrivant, dans la descendance de son casting (le couple Azéma-Arditi), à la gauche d'Alain Res nais. Ce qui, lorsqu'on s'attaque à la perle du roman populaire français, est d'une intelligence totale Resnais ayant toujours flirté avec cet univers, Fantômas par exemple.
Moulinsart. Cette chambre jaune ressemble, pour les Podalydès, à la reconstitution de leur propre chambre d'enfant (Denis joue à Rouletabille et Bruno conduit les épisodes). Ils ont même cru bon, tant qu'à tutoyer le fil de leur propre histoire, de redoubler la silhouette du détective rouquin d'un autre enfant carotte en pantalon de golf : Tintin. Le décalage produit est séditieux, le pavillon-laboratoire des Sanderson père-fille (sorte de Pierre et Marie Curie 1911) se mettant à ressembler au château de Moulinsart. Ce Gaston Leroux, lu mille fois sous la bougie, que nous avions toujours projeté dans son décor de novembre (arbres nervaliens nus, brumes épaisses, humus sous le godillot...), s'est donc ici emparé du coloris bigarré qui sied tant au Belge du Petit Vingtième