La quarantaine bien tassée, George Clooney passe à la réalisation. La révélation pourrait faire «pschitt» si ce premier opus, Confessions d'un homme dangereux, n'était un film radicalement personnel, pas toujours parfaitement tenu, mais suffisamment original et foutraque pour intriguer. On peut dire que ce passage derrière la caméra est, moins qu'un plan de carrière, une manière de révolte contre le système. Clooney a raconté comment ce désir de singularité est né de la calamiteuse expérience de Batman et Robin, gros film normalisé dont le tournage et la promotion l'avaient humilié et scandalisé. Plutôt faire autre chose qu'être assis sur un tas d'or hollywoodien aux odeurs de fumier. La prise de conscience, brutale, donnera un rapprochement avec Soderbergh au sein de la société de production Section Eight (lire ci-contre) et ce plongeon dans le grand bain du premier film.
Nauséabond. Le moins qu'on puisse dire est qu'il s'agit d'un «film d'auteur». Clooney en a choisi le scénario, tiré des Mémoires fantaisistes de Chuck Barris, l'inventeur de la trash télé américaine, du Gong Show et de Dating Game, ancêtres de Tournez manège dans les années 60 et 70, un bonimenteur qui s'inventa une vie d'agent secret pour la CIA, tueur de 33 espions, et finit par voir se briser une vie survoltée mais artificielle, au point de s'enfermer pendant des mois dans une chambre d'hôtel minable de New York, retour à l'homme des cavernes, des heures planté nu devant la télé à se gratter la barbe dev