La boîte magique est en bois vernis. Par une lunette, on y visionne, en actionnant une manivelle, de petits films (un cavalier qui passe, une cocotte qui salue d'un clin d'oeil). La boîte magique, c'est le cinéma et sa passion telle qu'elle saisit le jeune Ridha Behi, transmise par un oncle projectionniste ambulant dans la Tunisie des années 60.
Ce film autobiographique raconte cet amour des images, par-là même il peut toucher, journal animé d'une ferveur. Par-là aussi, fait d'un immense respect, il vire à l'illustration, à l'imagerie, à l'anecdote révélatrice. La Boîte magique, comme auparavant Cinema Paradiso dont il est assez proche, ne sait dire la fascination des images, la naissance d'une vocation, le sentiment d'un destin, qu'en passant par le conte de fées. La malédiction de la beauté le frappe de plein fouet, autrement nommée : l'académisme du souvenir d'enfance (terriblement nunuche), la dictature de la belle image (soleil couchant sur camionnette rouge), la lourdeur de la reconstitution historique (pas un bouton ne manque, et pas davantage l'extrait cinéphile du souvenir de salle). Cette vocation de cinéaste est si parfaite qu'elle fait frémir et fuir.
Les autres personnages tournent tous autour de cette boîte : le père, oppressant, religieux et autoritaire, qui veut briser la vocation des images, comme la femme, française, qui vit confinée dans la notabilité culturelle tunisienne et ne comprend plus le destin de cinéaste de son mari. Le tout pour un film confondant