A la fin du Champignon des Carpathes, un personnage dit en substance : «C'est curieux comme parfois les choses disparaissent.» C'est après qu'il a beaucoup été question de brume et d'opacité, et juste avant que le film ne se dissolve doucement dans l'indécision d'un rivage picard. C'est curieux comme parfois les gens disparaissent. A une heure où l'on est sensible aux effets délétères du goût de l'époque, où l'on se croit cerné par ces forces hostiles de toute éternité à l'oeuvre libre, mais particulièrement vives quand tout autour d'elle marque le pas, s'affadit, s'économise, on est tenté d'y voir un signe, et à la difficulté de ne pas se laisser submerger par la tristesse de perdre un compagnon, s'ajoute celle de ne pas s'abandonner aux tentations eschatologiques, corrélatives des forces sombres. Il convient de revenir à la raison, d'autant que tout chez Jean-Claude Biette nous y incite, à commencer, paradoxalement, par son goût pour l'irrésolu, le cocasse, le mystère. Il faut maintenant le remettre sur le métier de nos vies, apprendre à repérer la sourdine de sa voix dans le fracas des jours, même si elle ne passe plus par le téléphone. Nous avons assez de vivres pour ça : les textes dont l'apparente sévérité débouche sur la clarté de la raison, et les films dont les apparentes facéties concluent à l'indétermination des apparences. On ne se plaindra pas d'avoir à tendre l'oreille, c'est en général la garantie qu'il y a quelque chose à entendre. Jean-Claude Biette était pl
TRIBUNE
L'homme en bonnet Duforme, par Mathieu RIBOULET
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par Mathieu RIBOULET
publié le 25 juin 2003 à 23h32
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