Après l'Amitié, le second film de Serge Bozon s'appelle Mods. Et même si aucun garçon en parka et aucune Lambretta n'y figurent, il aurait été difficile pour ses auteurs (Serge Bozon pouvant ici être associé à sa scénariste-actrice Axelle Ropert) de l'intituler autrement. Car, délesté du décorum mod, le film profite de sa durée menue (une heure) pour n'en filer pas moins droit en direction de ce qui fut la quintessence de ce mouvement anglais qui enflamma une moitié des sixties. Ses qualités cinématographiques sont, de fait, celles qui, de tout temps, vont comme un gant aux jeunes gens en révolte : grand style et rapidité d'exécution, retenue et frustration, sécheresse et colère, drôlerie et désabusement.
Campus. A côté de cela, on retrouve dans Mods l'autre passion qui détermine les goûts de Bozon cinéaste : une manière de cinéma libre et modeste, en amitié avec, entre autres, celui d'un Jean-Claude Biette (la référence n'est pas là par un malheureux hasard, Biette ayant écrit à propos de Mods l'un de ses tout derniers textes) en ce qu'il ne se fixe pas un centre mais organise la circulation d'une multitude de personnages. Ici, deux militaires (l'acteur Bozon-le-clown, en duo avec Guillaume Verdier) pénétrant en effraction dans un campus tenu de main de maître par une gouvernante autoritaire (Axelle Ropert en col Claudine) et un économe tchekhovien (Vladimir Léon). Les murs de briques ne tiennent qu'au bon vouloir de quatre mods hautains appuyés là, prenant des poses de gara