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Libération
Critique

Alien des neiges

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publié le 9 juillet 2003 à 23h46

Après avoir raflé l'essentiel des prix des festivals européens où il a été présenté, à Rotterdam, Angers, Göteborg, Noi Albinoi parvient enfin sur nos écrans. La beauté étrange et fragile de ce premier film islandais tient d'ailleurs à ce côté trop doué pour être vrai, puisque Noi pousse si loin son caractère de génie qu'il passe aux yeux de la plupart pour un demeuré total. C'est l'histoire du personnage du film de Dagur Kari : il règle mat un match d'échecs en trois coups, aligne le Rubix Cube selon les bonnes couleurs en trois minutes, fait exploser tous les barèmes du QI, mais sera quand même viré du lycée pour «mauvais exemple», «absentéisme répété» et «indiscipline chronique» aux deux tiers du métrage. Car Noi n'est pas seulement un grand adolescent albinos et imberbe, mais un monstre que personne ne peut comprendre, provoquant la stupeur sur son passage, un précipité d'angoisse entraînant des réactions catastrophiques en chaînes, un alien émergeant des tripes gelées de l'Islande qu'aucun habitant du bourg perdu de Bolungarvik ne pourra jamais appréhender.

Bloc d'étrangeté. Cette incommunicabilité absolue, définitivement irrésolue, bloc d'étrangeté, engendre une situation assez comique. Les comportements de l'ado mutant forment autant de saynètes où Dagur Kari se régale : on ne peut réveiller son héros qu'à coup de fusil dans les oreilles, il ridiculise ses profs à longueur de cours, interprète à sa manière la recette de la sauce mayo ou du boudin de sang de vaches isla