Menu
Libération

Dieu, Fritz Lang et la Matrice

Article réservé aux abonnés
publié le 9 juillet 2003 à 23h46

Le joyeux, perplexe et parfois comique débat né autour de Matrix Reloaded ne mérite pas d'être clos. Son agaçante braise continue d'ailleurs d'être attisée chaque jour par des hordes internautes dans des joutes dialectiques infinies, où iconoclastes et adorateurs s'empaillent avec réflexion et méthode autour de deux grandes questions : qu'est-ce que ça vaut et de quoi ça parle ? Et il y a peu de chances pour que les choses se calment avant l'automne, lorsque Matrix Revolutions prendra le relais.

Il y a quinze jours, le Nouvel Obs faisait encore sa une du film phénomène, sous l'angle générationnel de Matrix expliqué aux parents. Le critique maison Alain Riou est consulté : une certaine critique «adolescente» s'est laissé avoir, juge-t-il flatteusement, mais en gros, Matrix ne vaut rien. On relèvera que ça vaut quand même la Une de l'Obs plusieurs semaines après le passage du film à Cannes. Cette contradiction est la matière même de l'agitation suscitée par le monstre des frères Wachowski : son importance le dépasse.

Car ce qui est le plus beau, le plus frappant et le plus révélateur dans cette affaire, c'est l'extrême ferveur avec laquelle les gens s'en emparent. Il y a autour de Matrix une frénésie de discussion, un besoin de débat, de confrontation et d'échange qui, croisant, en effet, les modes de vie de certaines générations, a produit cette nouvelle espèce de film totem, de spectacle mondial auréolé par son pur mystère et dont l'exégèse, fut-elle futile, semble infinie.

Il