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Libération
Interview

«Il faut tout montrer, même ce qui gêne»

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publié le 9 juillet 2003 à 23h46

Son premier film, Maledetti vi amero (Maudits je vous aimerai), tourné en 1980, racontait déjà les révoltes de l'après-68. Marco Tullio Giordana est resté fidèle à ce thème, comme à une certaine idée du cinéma : un révélateur d'Histoire.

Comment est né ce projet ?

La télévision publique italienne voulait raconter une période cruciale de notre histoire avec un point de vue original aux antipodes des conventions des séries télévisées. C'était faire vraiment oeuvre de service public. Le projet a été lancé avant l'arrivée de Silvio Berlusconi au pouvoir. Reprise en main, la RAI d'aujourd'hui n'a même pas voulu le diffuser. Prévu pour passer en février, Nos Meilleures Années a été déprogrammé. C'est alors que nous avons décidé d'aller à Cannes, où nous avons reçu le prix de la sélection Un certain regard. Le film a été acheté en France, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, aux Etats-Unis. Il finira par sortir en Italie, mais ce succès dérange une télévision publique qui, désormais en surenchère avec les chaînes commerciales, mise tout sur le sport et les soap operas en ne se posant plus le problème de témoigner sur la société. Mais, dès le début du tournage, même si cela pouvait paraître un peu fou, j'espérais que ce film sortirait aussi en salles, en deux fois trois heures, et il a été réalisé en conséquence.

Ce film miroir dresse un bilan nuancé mais sans complaisance...

Je n'ai personnellement aucune nostalgie et je ne crois pas que cette génération était meilleure ou pire que