Janine Bazin est morte le 31 mai dernier à 80 ans (Libération du 3 juin). Elle portait un nom célèbre, celui du plus grand critique de cinéma français, André Bazin, disparu à 40 ans en 1958, dont elle était la veuve. Janine B. n'a pas signé d'oeuvres, ni films, ni textes, ni ouvrages. Et pourtant son rôle créateur était reconnu par tous, au point qu'on a pu dire que cette toute petite femme était l'«une des grandes dames du cinéma français». Car son oeuvre c'était sa vie.
Cette vie de cinéma débute quand, à 25 ans, quittant l'appartement maternel du boulevard Masséna à Paris, Janine Kirsch entre comme secrétaire à Travail et culture, une association fondée à la Libération de Paris, réunissant des spectateurs avides de théâtre, de cinéma, d'expositions, de concerts, qui ont la conviction que l'homme peut devenir meilleur grâce à la culture. L'association est à gauche, proche du Parti communiste, mais accueille des militants progressistes, humanistes, chrétiens, et s'appuie sur des animateurs qui vont compter dans la vie culturelle. André Bazin, qui y dirige les Jeunesses cinématographiques, le metteur en scène de théâtre Jean-Marie Serreau, Louis Pauwels qui anime la revue Planète avant de virer très à droite, mais aussi Paul Flamand, futur patron des éditions du Seuil, et encore Chris Marker, responsable de la revue de l'association, Doc. Marker ira aussi travailler au Seuil, fondant la collection Petite Planète avant de prendre la caméra.
Culture et engagement
André Bazin, 30