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Libération

Kiarostami, coup de théâtre.

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A Rome, l'Iranien vient de monter «Tazieh», martyre-spectacle.
publié le 9 juillet 2003 à 23h46

Rome envoyé spécial

Le spectacle est commencé depuis une heure quand un garçon de la sécurité fait son entrée à proximité de la scène, un extincteur à la main : pour les spectateurs romains, qu'ils s'interrogent ou soient gênés (voire les deux) par le Tazieh ­ plus manipulé que vraiment mis en scène par Abbas Kiarostami ­ cet extincteur est un éclaireur : en apparaissant, il fournit à chacun l'adjectif qui qualifiera la première mise en scène théâtrale du cinéaste iranien. Pompière. Ou, au contraire, brûlante. Un feu de paille scénique ou une bombe politique. C'est selon.

Sabres et pilou pilou. Le Teatro India de Rome est sans doute parmi les lieux les plus intrigants qui soient : imaginez un ciel bleu nuit tombant sur un gazoduc désossé, bordé de terrain vague, entre le Désert rouge d'Antonioni et le Cimetière des voitures d'Arrabal. Un cirque en plein air, comme coupé du reste de la ville, situé à quelques minutes en scooter du Trastevere, le coeur branché de l'intelligentsia romaine. Le Teatro India est l'annexe aventureuse du Teatro di Roma qui rêvait, lors de sa création, d'essais pointus. C'est dans cet endroit irréel, à la fois postindustriel et néorural, que Kiarostami, comme toujours entre deux mondes, a été invité à s'essayer au spectacle vivant, alors qu'il dit étouffer au cinéma. On annonçait un Jules César minimal (pour un seul acteur), mais en lieu et place de Shakespeare, l'auteur de Ten a préféré monter le Tazieh, récit liturgique fondateur de l'islam chiite év