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Libération
Critique

L'Italie des années de braise

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«Nos Meilleures Années», saga sur les espoirs et les déchirements de la génération 68.
publié le 9 juillet 2003 à 23h46

Cela commence par un voyage vers le Grand Nord afin d'échapper à tout prix à l'Italietta ­ la petite Italie ­ étriquée et bien-pensante du «miracle économique». Puis, comme pour des milliers de jeunes Italiens, ils sont volontaires pour venir aider Florence dévastée par l'alluvion de l'automne 1966. Il y eut ensuite les années de l'utopie, le mai 1968 «rampant», les occupations de facs, la solidarité étudiants-ouvriers. Un monde nouveau devait naître, plus libre plus juste. Puis commencèrent les «années de plomb», celles du terrorisme, et le reflux vers le privé. Sonnés, ils cherchèrent d'autres voies. Voici l'autoportrait d'une génération à travers la saga d'une famille italienne, pendant ces trente-cinq dernières années, avec ses espoirs et ses déchirements. Et l'Histoire s'incarne en autant d'histoires privées autour des Carati, petits-bourgeois romains comme tant d'autres et sans mérites particuliers.

Libertaire. Les fils s'entremêlent autour de Giorgia l'orpheline, la «folle» victime de l'enfermement, qui précipite chacun vers son destin. Il y a Nicola, le médecin, qui veut abattre les murs des asiles à l'image de Franco Basaglia, le fondateur d'une antipsychiatrie humaniste et libertaire qui fera des émules dans toute l'Europe. Sa femme Giulia finira, elle, dans les Brigades rouges par rage d'une révolution impossible pour que «les capitalistes connaissent aussi la douleur et les larmes». Il y a l'autre frère, Matteo, tourmenté et suicidaire, qui choisira d'être flic. I