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Libération
UN ETE 2003. Ciné Villes

«L'architecte s'est suicidé à 40 ans». Dario Argento à Rome.

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Quartier bâti selon les règles de l'ésotérisme ou architecture mussolinienne: la Ville éternelle vue par le cinéaste infernal s'éloigne du glamour et de la «dolce vita».
par Antoine de Baecque et Gabrielle LUCANTONIO
publié le 21 juillet 2003 à 0h10

«J'ai passé mon enfance entre la piazza del Popolo, où j'habitais, et le lycée Nazareno, tenu par les jésuites, qui se trouve tout près de Via del Tritone, où j'allais à l'école. C'était en plein centre de Rome, près de la fontaine de Trévi, de Trinità dei Monti et de piazza di Spagna. J'étais un enfant, je ne me déplaçais qu'à pied, et très vite j'ai aussi fréquenté le cinéma. Dans ce quartier, il y avait une dizaine de salles et cela me permettait d'y aller fréquemment. C'est le Rome de mon enfance, entre la maison, le lycée et les cinémas, une ville dont on peut faire le tour à pied en un quart d'heure.

Parfois, grâce à certains adul tes, j'allais à la découverte d'une autre ville : Rome toujours, mais ailleurs dans Rome. Un jour, mon oncle maternel, le photographe Elio Luxardo, nous a emmenés en voiture, mon cousin et moi. Il avait pris la direction de la mer, et, à l'improviste, il a emprunté une petite route que je ne connaissais pas. A un certain moment, on s'est arrêté, et on a continué à pied. Nous sommes arrivés dans le quartier de l'EUR, construit au sud de la ville par les fascistes pour l'Exposition universelle de Rome, qui devait se dérouler en 1942. A cet effet, dès 1939, Mussolini avait fait édifier, dans la direction d'Ostie, un quartier ultramoderne sur plus de 400 hectares. Dans mon enfance, après-guerre, le quartier était presque abandonné, il n'y avait même plus de route pour y accéder. Au début des années 50, l'EUR était considéré comme un héritage du fa