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Libération
UN ETE 2003. Ciné Villes

«Ce pays est fou mais je ne pourrais pas m'en passer». Pablo Trapero à Buenos Aires.

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Et si la beauté de la capitale argentine se cachait dans ses quartiers déglingués où survivent 10 de ses 13 millions d'habitants ?
publié le 24 juillet 2003 à 0h17

Début juin sur les rives du Rio de la Plata, à Buenos Aires, commence l'hiver austral. Les matins sont frisquets et brumeux, mais, lorsque le soleil se montre, la température monte rapidement et les après-midi sont agréablement doux. Pour s'adapter à la sensation thermique, Pablo Trapero accumule plusieurs couches de tee-shirts qu'il enlève et enfile au gré des rayons du soleil, des jeux de nuages ou des courants d'air. Après Mundo Grua et son grutier parti chercher du travail en Patagonie, il a mis en scène, dans El Bonaerense, un serrurier qui, après avoir favorisé un larcin sans bien s'en rendre compte, débarque de province pour entamer sans conviction une carrière de policier à Buenos Aires. Le réalisateur évite soigneusement les beaux quartiers européens de la capitale argentine à peine effleurés par la crise. Il préfère filmer les faubourgs déglingués où survivent 10 des 13 millions d'habitants du Grand Buenos Aires, surtout en fin de journée quand la capitale argentine devient frénétiquement latine. La Bonaerense, c'est la police de la province de Buenos Aires, redoutée pour son sens des affaires louches et pour la corruption qui y règne.

Avant de se consacrer au cinéma, Pablo Trapero a commencé des études d'architecte. Les bâtiments historiques de Buenos Aires le laissent pourtant froid. Il préfère la vie de quartier. Au coin des rues Medrano et El Salvador, adossés à la place de l'Unité latino-américaine, à un bloc de sa maison de production, Matanza Ciné, deux ou tr