Menu
Libération
UN ETE 2003. Ciné Villes

Michael Haneke à Vienne: «Les Viennois ont sans cesse besoin que tout soit nettoyé»

Article réservé aux abonnés
Loin de l'ambiance sulfureuse de ses films, le réalisateur vit en bon Viennois, appréciant les cafés et les concerts de musique classique.
publié le 28 juillet 2003 à 0h24

N'essayez pas de faire dire à Michael Haneke que Vienne est une ville morbide, peuplée de névrosés, écrasée par un passé nazi mal refoulé. Que, comme le suggèrent tous ses films, les gens y seraient particulièrement enclins à la violence sadique (Funny Games, 1997), à l'enfermement suicidaire (le 7e Continent, 1989) ou aux perversions masochistes (la Pianiste, 2001, grand prix du jury à Cannes). Non. Pour la star du cinéma autrichien, «Vienne est une capitale comme les autres, peut-être un peu plus provinciale, avec ce que cela comporte d'avantages et de désavantages». En vérité, les personnages mis en scène dans ses films «appartiennent tous à la même classe sociale, la seule [qu'il] connaisse vraiment, puisque c'est d'elle dont [il est] issu : la moyenne bourgeoisie aisée». Or, poursuit Haneke, «les caractéristiques de cette classe sociale sont les mêmes dans tous les pays développés. Mes personnages existent aussi bien en Autriche que dans toute l'Europe, et même aux Etats-Unis ou au Japon».

Mais Michael Haneke connaît-il vraiment Vienne ? Né par hasard en Allemagne en 1942 (ses parents, tous deux acteurs, jouaient pendant la guerre dans un théâtre autrichien près de Salzbourg, et l'hôpital le plus proche se trouvait de l'autre côté de la frontière), Haneke a passé toute son enfance à la campagne, à une heure au sud de la capitale. Ses premiers souvenirs de Vienne sont magnifiques, mais déformés puisque limités à l'objet le plus prestigieux du pays, le Burgtheater ­ un esp