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«Vivre ailleurs en Allemagne ? Impossible». Rudolf Thome à Berlin.

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De Berlin, Rudolf Thome aime les lacs, la Potsdamerplatz «en mouvement perpétuel» mais, en habitué de l'Ouest, ne met presque jamais les pieds à l'Est.
publié le 31 juillet 2003 à 0h28

C'est un long plan séquence qui tourne tout autour de la Potsdamerplatz. On voit défiler lentement la Bibliothèque nationale au milieu de nulle part, le Philharmonique construit en 1963 pour Herbert von Karajan, la maison des cultures du monde et son toit en forme d'huître. Le Reichstag n'est pas encore surmonté de la magnifique coupole en escargot de Sir Norman Forster. Devant la porte de Brandebourg passe le mur. Au loin Berlin-Est, la tour de télévision de l'Alexanderplatz, des terrains vagues, des herbes folles, le siège de l'actuel Bundesrat (chambre basse du Parlement) qui fut, avant-guerre, l'élégante demeure de la famille Mendelssohn. La caméra serpente le long du mur. Et, hop, on repasse à l'ouest. Dans ce champ, il y avait le bunker où Hitler s'est suicidé. Topographie de la terreur nazie. L'imposant bâtiment de Martin Gropius. Totalement calciné. Une route au milieu du no man's land. Cela pourrait être Beyrouth. C'est Berlin en l'an de grâce 1975. Il y a à peine trente ans. Les premières images de Tagebuch, l'un des longs-métrages, une vingtaine, du cinéaste allemand Rudolf Thome. Aucune capitale de l'Europe de l'Ouest n'a autant changé que Berlin. Aucun autre cinéaste allemand ne l'a filmé avec autant de constance que Rudolf Thome. Déclaration d'amour : «Vivre ailleurs en Allemagne ? Impossible !»

Loft. Né en 1939 à Wallau, un petit village de Hesse, Rudolf Thome a d'abord vécu à Munich. En 1969, il réalise dans la capitale bavaroise son célèbre R