Une étrange beauté, sombre. Marie Trintignant porte ce visage fin, fragile, tourmenté, depuis vingt-cinq ans à travers le cinéma français. Et l'on s'est plusieurs fois demandé comment la toute jeune femme au comportement un peu fruste, renfermé, est devenue une comédienne inattendue et subtile. «J'ai été très malheureuse pendant très longtemps, comme comédienne et comme femme», disait-elle aux Inrocks, en mai 1999, et c'est peut-être là l'explication : les rôles, les personnages, les rencontres, sa famille, ont peu à peu construit Marie Trintignant, la tirant hors de sa mélancolie, la rendant plus sereine au fur et à mesure qu'elle devenait plus mûre. L'itinéraire de Marie Trintignant est celui d'une enfant du sérail, certes, mais elle a fait son chemin, avec des temps morts, des arrêts, des reprises et beaucoup de traverses. Rien à voir avec la génération spontanée des Sophie Marceau, des Sandrine Bonnaire ou même de Charlotte Gainsbourg, qui, chacune, ont éclaté d'un coup à la une des magazines.
Accidents. Marie Trintignant grandit dans le milieu, puisqu'elle naît, en 1962, au sein de l'une de plus fameuses familles de cinéma, le clan Trintignant. Jean-Louis, le père, est l'un des principaux comédiens français depuis la fin des années 50 et le couple qu'il forme avec Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme. Nadine Trintignant, la mère (et soeur de l'acteur et mari de Brigitte Bardot, Christian Marquand), tourne des films après avoir été monteuse