C'est déjà beaucoup en dire sur Barbet Schroeder qu'on aurait pu tout autant lui demander ses vues sur Paris, New York, Medellin ou Cali, ou même Ibiza, que sur Los Angeles. Il a travaillé dans toutes ces villes, et y séjourne encore périodiquement. Même s'il n'a pas remis le pied à L.A. depuis huit mois (un projet foiré à Miami, un film sur Mesrine à monter prochainement à Paris), il aime toujours Los Angeles sans ambiguïté aucune et connaît assurément mieux la ville que ses collègues américains de Beverly Hills, pour qui le ghetto est tout ce qui se trouve à l'est de La Brea.
Quand on lui apprend qu'en son absence tel complexe de commerces en construction au coin de Sunset et Vine a incorporé une recréation du fameux drugstore Schwab's (démoli il y a dix ans pour faire un Virgin Megastore), il est positivement ravi, au lieu de déplorer la ringardise du projet et le fait que les deux endroits sont éloignés de deux kilomètres. Los Angeles a toujours fonctionné sur ce mode répliquant, dit-il, toujours détruit pour faire plus moche. «C'est très bien comme ça. Los Angeles a toujours été ridicule, et c'est sa façon de se renouveler, comme des cellules.» Il prédit qu'on finira par aimer ça aussi, comme on aime aujourd'hui les trucs années 50 et les néons criards que déplorait Chandler dans The Little Sister. «Il fut un temps où j'aimais cette ville... Les vraies villes ont autre chose, une ossature bien à elles sous la crasse. Los Angeles a Hollywood, qu'elle déteste. Elle devrait