Cour des Miracles. Carpita aime Marseille dans les brumes, c'est là que son Marseille demeure vivant aujourd'hui. Les paroles du film de 1960 sont toujours vivantes : «Bonjour Marseille, ma ville, tu vois, les premiers froids ont chassé tes faux amis de passage... C'est la morte saison, alors tu me reviens sans grimace, sans grimage... Pourquoi faut- il que tu fasses la belle sur les places publiques pour plaire à ceux qui n'en veulent qu'à ton ombre ? Je souffre de tes humiliations. Marseille du labeur, relève la tête ! Tu es grande et forte et digne.»
Carpita est né et a grandi dans un Marseille populaire aujourd'hui disparu, il en a fait ses films. Aujourd'hui, à 80 ans, il trottine, un lundi de juin, dans le quartier historique du Panier. Rue du Poirier, à son ancienne école (disparue), puis à la Vieille Charité, «ancienne cour des Miracles, tout ce que Marseille recevait de pauvres types s'abritait-là», aujourd'hui réhabilitée en musée, il cherche ses souvenirs, ses anciens copains d'enfance italiens «en butte aux sarcasmes». Il sait qu'ils n'y sont pas. La ville et les Allemands, pendant la guerre, ont tout effacé.
Cabanon et bastide. Carpita boit son Gambetta-limonade, évoque un aspect, puis regrette, «oui, mais ils ont tout détruit. Même derrière l'Estaque, les coins de Guediguian, ça disparaît aussi...». C'est dans ses films qu'il faut aller chercher sa vie, sa ville, le Marseille des petites gens. «Ayant eu, durant toute ma vie d'enfant et d'adolesce