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Libération
Critique

«La Caja Negra», flou fourre-tout

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publié le 6 août 2003 à 0h32

La Caja Negra ne montre pas une boîte noire comme le suggère littéralement son titre, mais une image floue et ce pendant au moins un bon quart du film. Autofocus de la caméra en panne, passage d'un signal vidéo faible à un format inapproprié de pellicule, fallait-il à ce point pousser grand-mère dans les orties se demande-t-on au regard de ce nouveau premier film argentin ? Loin de témoigner de la richesse cinématographique du pays, souvent saluée dans ces pages, le film fait du pied à ses petits camarades (El Bonaerense, Extraño, Tan de repente, la Cienaga) mais manque considérablement d'une mise au point tant de l'image que du sujet, pourtant lui aussi propice.

Il s'agit de retrouvailles entre une fille et son père, de la réconciliation parents-enfants, sujet presque éternel, avec pour pivot un ancrage dans la réalité : une grand-mère dont la mort filmée serait la mort réelle. L'an dernier, sur un élan narratif aussi fragile, naissait le très calculé mais combien flamboyant Japòn de Carlos Reygadas. Avec la Caja Negra, nous voilà in situ dans l'objectif flou du débutant en photographie perdant le fil de son sujet pour un autre : une forte appétence pour les exclus, pour la tristesse triste, la prison, l'Armée du Salut, les HLM. Plan rapproché sur une peau ridée, corps désarticulé d'Eduardo Couget esquissant quelques grimaces sur un titre de Lou Reed ­ Metal Machine Music ­, tout ça fait pittoresque, voire habillage, et file le cafard... Un cafard, justement, dont on nous di