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Libération
Critique

«Le Faisan d'or», pépite kirghize

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Autour d'une bande d'enfants, un premier film étonnamment poétique.
publié le 6 août 2003 à 0h31
(mis à jour le 6 août 2003 à 0h31)

Un train traverse la steppe kirghize. Des enfants goûtent la rosée du matin à même les bran ches d'arbre. C'est le genre de chose que l'on voit dans le Faisan d'or, le troisième film de Marat Sarulu, cinéaste kirghize qui fut aussi le scénariste du magnifique Fils adoptif d'Adkan Abdikalikov. Ne serait-ce que pour ces images, ce film mérite déjà de ne pas être raté par un spectateur en quête de découvertes.

Culotté. Mais le Faisan d'or a aussi pour lui sa construction, très culottée. Car, entre le train qui roule et les visages des enfants arrosés, il n'y a rien, pas un plan de transition, pas un point de suspension: ces plans sont collés l'un à l'autre par une radicale poésie du montage, de la juxtaposition, de l'étincelle. Un train, un visage, et le paysage pour, parfois, assurer un minimum de continuité.

Si bien qu'on voie ici des choses effectivement sidérantes, sans toujours très bien en comprendre le sens, qu'importe. Un superbe visage de jeune femme au béret, une grosse contrôleuse à poil dans le train, qui vient s'empaler sur un vieil homme vite dépassé, un peintre à la face en lame de couteau qui gicle par la portière et tente de récupérer ses dessins éparpillés le long de la voie ferrée... Tout cela, dans le synopsis, devient: «Un train roule dans la steppe avec son cortège de voyageurs, destins qui se croisent, se nouent et se dénouent.» Marat Sarulu est un poète qui ne pense ses récits que par correspondances des visages, des objets, des paysages, des gris et des é