Menu
Libération
UN ETE 2003. Ciné Villes

«Le cordonnier avait un appareil à rayons X». Arturo Ripstein à Mexico.

Article réservé aux abonnés
Aux côtés du cinéaste, lors de sa rituelle promenade dans le centre historique de sa ville natale, où les pistes du temps se brouillent.
publié le 7 août 2003 à 0h32

De son nid d'aigle juché à un dixième étage, l'oeil d'Arturo Ripstein plonge sur Mexico, une plaine de béton s'étendant sur des dizaines de kilomètres à la ronde. Le plus célèbre des cinéastes mexicains n'a jamais quitté sa ville et ne voyage que lorsqu'on l'invite aux premières et aux festivals. Il bouge rarement de son quartier, sauf le samedi où, accompagné de son épouse, il part en promenade. «Nous allons toujours dans le centre historique. Dans une ville aussi frénétique, cette petite enclave d'intemporalité n'arrête pas de me surprendre. J'y ai tourné presque tous mes films.» Son quartier de résidence, la Condesa, est l'un des rares périmètres verts et conviviaux d'une mégalopole plutôt grise et agressive. Passés les embouteillages permanents et l'inévitable défilé de manifestants, le taxi finit par atteindre le centre ancien. Autour du Zocalo (place principale), les rues étroites restreignent l'accès des automobiles. L'atmosphère se fait plus confinée, presque étrange tant le bruit du klaxon était devenu naturel.

Eden. Ripstein a ses passages obligés, ceux que ses parents empruntaient déjà et dont les premières images remontent à l'enfance. Tout commence par un café Casa de los Azulejos, le célèbre restaurant où Zapata se faisait prendre en photo à l'époque de la révolution. L'élégance de cet ancien palais colonial où le jeune Arturo était invité gamin ­ «seulement lorsque j'étais sage» ­ recèle un trésor : son Arcadie. Sur les quatre murs du vaste sal