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Libération
UN ETE 2003. Ciné Villes

«Je vais chercher mes décors loin de chez moi». Stephen Frears à Londres

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Visite guidée à Notting Hill, quartier d'adoption du réalisateur anglais.
publié le 16 août 2003 à 0h37

«Cela fait vingt-cinq ans que je vis ici et serais très heureux d'y mourir», s'exclame Stephen Frears en pantalon informe, tee-shirt gris et savates éculées, finissant un mug de thé au lait au milieu de sa vaste cuisine-salle à manger-salon. Le Londres qu'il filme depuis trente ans n'est pourtant pas celui où il vit. On se rappelle les ruelles grises et crasseuses des années Thatcher où Sammy et Rosie s'envoient en l'air, ou celles des putes et des immigrés clandestins dans son dernier film, Dirty Pretty Things. «Je serais incapable de filmer mon quartier, de filmer mon Londres à moi. Je manquerais du détachement nécessaire. J'ai même du mal à en parler.»

Stephen Frears ne prononce presque jamais le mot «Londres». Sa ville, son village, c'est Notting Hill. Pour Dirty Pretty Things, avec Audrey Tautou dans le rôle d'une immigrée clandestine turque, «nous sommes allés tourner dans des endroits qui m'étaient totalement inconnus comme Dalston et Rotherhithe. Pour My Beautiful Laundrette (une histoire d'amour homosexuelle dans une laverie, ndlr), nous avions tourné à Brixton, au sud de la Tamise. Mes décors, je préfère aller les chercher loin de chez moi.»

La marche du temps. Chez lui, c'est Notting Hill. «Au bout de quelques mois à Hollywood ou ailleurs, ma maison et ma rue me manquent terriblement, mais Londres et la Grande-Bretagne pas vraiment.» La capitale britannique serait-elle donc à l'image du pays, un agrégat de nations, de régions et de loyautés ? «Cela