Avi Mograbi est un type patibulaire qui n'arrête pas de parler à sa caméra et qui n'aime pas le mois d'août. Il parle à sa caméra les yeux dans les yeux. Cloué par ce regard, le spectateur de ses films a l'impression d'être harponné par un énergumène mal embouché, cousin israélien de Michael Moore et de Nanni Moretti, surgi par surprise du fond de son miroir pour l'interpeller en direct dans l'intimité de sa conscience caniculaire. Eprouvant. D'autant que le mois d'août, le soleil, la chaleur... ça ne lui adoucit pas l'humeur, au Mograbi ! Et c'est bien là le sujet de son énervement : le mois d'août irrite tout le monde. Entre deux discours frontaux, il part en fournir la preuve en filmant ses concitoyens dans les rues de Tel-Aviv. Résultat édifiant.
Face-à-face. Il y a quelque chose d'explosif en Israël, c'est sûr. A commencer par les faits divers meurtriers qui montent en flèche, l'été, dans la presse. On vous laisse la surprise de découvrir, par exemple, ce qui se passe là-bas quand des policiers essaient d'empêcher un homme de se suicider. A vrai dire, ce ne sont pas les séquences documentaires de Mograbi qui nous l'apprennent : comme reporter, il loupe tous les crimes juteux, sa femme le lui reproche âprement en lui énumérant la liste de ses ratés. Rendons justice à Mograbi, il ne nous cache rien de ces remontrances. Mieux, toujours en face à face confidentiel avec l'écran, il nous joue le réquisitoire de sa moitié, une serviette de bain rose drapée en turban sur la tête