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Libération
Interview

«Je suis une enfant du désordre».

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publié le 20 août 2003 à 0h39

Juste rentrée de vacances, reposée, décontractée, Emmanuelle Béart n'en retrouve pas moins très vite sa manière «à vif» de défendre son film, ses choix de comédienne et de femme. A 37 ans, elle s'est construite «une vie à moi» qui a sa propre cohérence.

Douze années après «J'embrasse pas», vous retrouvez Téchiné...

On ne s'est jamais perdu de vue, c'est très affectif avec André. On se regardait à distance, voyant nos films respectifs, se donnant des signes de vie : des messages, des mots, et, deux ou trois fois, des propositions de scénarios. Mais les personnages ne me convenaient pas. Il faut savoir attendre. Moi, je ne demande jamais rien : la bonne proposition au juste moment doit venir d'un metteur en scène. C'est lui qui doit penser à l'acteur, le contraire m'est étranger. Avec Jacques Rivette, c'est différent : on ne s'est pas vus pendant des années après la Belle Noiseuse (1990), et puis tout d'un coup on se retrouve comme on vient de le faire sur un tournage. Avec Claude Sautet, c'était encore différent, davantage un lien paternel : le vrai père c'était lui, c'est du moins ce que je me suis dit à sa disparition. J'avais brutalement perdu un père, quelqu'un qui comptait, quelqu'un sur qui je pouvais compter. Ce sont les trois cinéastes, Rivette, Sautet, Téchiné, qui m'ont faite, ils m'ont permis de débuter et de me constituer, et c'est important de les avoir retrouvés avec la maturité d'une femme. Le père, je l'ai, il est là, mais dans ce métier, ces trois-là m'ont donn