1952. A 9 ans, je quitte mes parents et Valence d'Agen pour devenir interne dans un collège religieux de Montauban. J'ai le droit de sortir le dimanche entre 12 et 17 heures. Je prends l'habitude d'aller au cinéma mais je ne vois jamais la fin des films pour être rentré à temps.
1959. Je change d'éducation : lycée laïque, profs marxistes, ciné-club actif avec un bulletin, la Plume et l'Ecran, où j'écris sur le cinéma muet. Le cinéma n'est plus un moyen d'évasion, c'est une passion socialement acceptable. Je me fais des amis. La guerre d'Algérie devient plus proche à cause de l'arrivée d'élèves pieds noirs en désaccord avec les enseignants de gauche. L'internat s'ouvre sur la vie.
1963-64. Je réussis le concours d'entrée au lycée Voltaire, classe préparatoire à l'Idhec. Je découvre Paris. Je passe mes nuits dans les boîtes. Je dors le matin. Je fréquente la Cinémathèque. Je perds mon temps. J'échoue à l'Idhec. L'avisé Jean Douchet lit un texte que j'ai écrit sur la Peau douce de Truffaut. Il le donne aux Cahiers. La revue cherche des recrues, j'arrive au bon moment. En mai 1964, je tombe amoureux de Prima della rivoluzione de Bertolucci.
1965-67. Je gagne ma vie en travaillant à la télévision pour l'émission Discorama. Ça me laisse du temps libre. Je vais souvent en Italie. Je vois Marc'O et sa troupe de comédiens. Je suis fasciné par la dynamique qu'il parvient à créer: le corps des acteurs en guerre contre le naturalisme. Quand il porte à l'écran les Idoles, il me demande d'êt