Le spectre de Graham Greene continue à irriter les Américains. Des archives du FBI et de la CIA, ouvertes au public, montrent à quel point les faits et gestes de l'auteur britannique ont fait l'objet, toute sa vie, de télégrammes confidentiels entre Londres et Washington. Les Américains se méfiaient comme de la peste de cet ancien espion de Sa Majesté devenu l'un des écrivains les plus influents du siècle. Greene servit dans les services de contre-espionnage britannique MI6 durant la deuxième guerre mondiale. Le gouvernement américain a espionné Greene pendant plus de quarante ans, s'intéressant de près à ses activités en Amérique latine, à Cuba, au Panama, Guatemala et Nicaragua, quand il officiait, dans les années 70, comme «porte-parole officieux» de Fidel Castro, Daniel Ortega et du général socialiste Omar Torrijos.
Surveillance. Lorsqu'il fut soudain interdit de séjour aux Etats-Unis en raison de son affiliation au parti communiste, son courrier fut systématiquement intercepté par les services de renseignements américains. En 1983, lors d'une rencontre entre Greene, Castro et Garcia Marquez, un diplomate américain écrit dans un télégramme confidentiel intitulé Quelle chance d'avoir un ami écrivain que «le petit groupe d'amis a discuté jusqu'à 5 heures du matin. Gabriel Garcia Marquez est très actif en ce moment et essaie de présenter Castro aux intellectuels de passage. Cela permet à Castro de gagner en respectabilité et de passer de meilleures soirées que s'il avait à r